Résumé :
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Les tempêtes des 26 et 27-28 décembre 1999 ont renversé près de 2.9 millions de m3 de résineux en Franche-Conté. La question essentielle des forestiers a donc été de nouveau posée à l'occasion de cette catastrophe : existe-t-il des facteurs aggravants des dégâts notamment stationnels, dendrométriques et sylvicoles ou ces chablis sont-ils uniquement dus à un phénomène climatique exceptionnel ? En complément de deux autres études, l'une en Lorraine sur le hêtre et l'autre sur le sapin dans le Massif Central, cette étude a porté sur le sapin dans le contexte bien connu de la futaie régulière. Le domaine d'étude couvre essentiellement le département du Doubs et une petite partie du département du Jura. A partir d'un échantillon de365 parcelles constitué après consultation des aménagements avec stratification par stade de développement et par capital sur pied, une évaluation sur le terrain a relevé les taux de dégâts et les conditions stationnelles et dendrométriques. La consultation des derniers inventaires et des coupes exploitées a permis de reconstituer l'état du peuplement avant tempête de 288 parcelles retenues. Les analyses formalisées par un modèle simple montrent l'existence d'un seuil à la hauteur de 27.5m en deçà duquel les peuplements du domaine d'étude présentent peu de dégâts. Au-dessus de ce seuil, le classement en préparation ou régénération avant ouverture du peuplement est associé à des dégâts plus importants. Mais c'est surtout dans les régénérations entamées (toutes au-dessus de Ho=27.5m) que les dégâts sont les plus forts. Ces deux variables, hauteur et classement, étant intégrées dans le modèle, aucun autre facteur aggravant n'a pu être mis en évidence parmi les 21 variables étudiées : ni parmi les données dendrométriques (Do, Ho/Do, G, N.), ni parmi les caractéristiques du milieu (type de sol, pente, exposition.), ni parmi la sylviculture pratiquée, appréhendée essentiellement au moyen de la dernière coupe (temps écoulé, intensité.). Les facteurs aggravants (hauteur par seuil et classe d'aménagement) ont déjà été identifiés par la plupart des études antérieures. Cependant cette étude montre que : l'élancement (Ho/Do) n'a aucun effet direct ; l'effet des dernières éclaircies est négligeable sauf pour des fréquences des éclaircies courtes et des prélèvements supérieurs à 90 m3/ha comme dans les régénérations ; le type de sol et l'exposition n'ont pas ou peu d'effet ; le taux de houppier vert n'intervient que par sa corrélation à d'autres variables et notamment la hauteur totale. Le volume sur pied n'est pas un facteur aggravant en soi. Cependant étant donnée la forte diminution des prix unitaires après tempête des bois chablis, il va de soi que le risque encouru à un fort niveau de capitalisation de l'ordre de 800 m3 est supérieur à celui encouru à 500 m3 (niveau auquel davantage de produits intermédiaires ont été récoltés). Dans ce cas un itinéraire sylvicole prenant en compte les risques liés à l'exposition aux chablis des peuplements réguliers de sapin peut être proposé : très dynamique dès les plus jeunes stades (Ho27.5m) et préparation afin de limiter la capitalisation et maintenir le volume sur pied en dessous de 550m3/ha (récolte de l'accroissement) ; très dynamique dans la phase de décapitalisation du stade de régénération pour réduire le temps durant lequel le peuplement est en situation d'instabilité très élevée. Il est évident que le rôle de l'aménagiste et celui du sylviculteur sont étroitement liés même si d'autres contraintes que le risque chablis existent comme la régularité des revenus, l'obtention de la régénération, la qualité des bois, les données sociales et écologiques.Des études complémentaires portant notamment sur des analyses économiques et sur l'impact du vent sur les lisières forestières apporteraient des informations essentielles permettant une meilleure compréhension des tempêtes et leurs conséquences sur les peuplement forestiers.
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