Résumé :
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La thèse de ce livre est forte. La colonisation française de l'Afrique du nord, portée par un complexe unissant colons, politiques, administrateurs et savants, a donné naissance à partir des années 1860 à un grand récit du changement environnemental qui s'est révélé une arme aussi efficace que les lois et les rapports de force économique pour déposséder les indigènes algériens de leurs terres. Attribuant aux invasions arabes du XIIe siècle le déclin de ce qui aurait été le grenier à blé de l’Europe depuis l’Antiquité, les nomades musulmans furent rendus responsables du déboisement, causé par le bétail et les incendies, et par conséquent de la baisse des précipitations en Afrique du Nord. Fondé sur des données scientifiques contestables, ce mythe a pourtant eu une influence considérable, légitimant la politique coloniale d’expropriation de la population arabe et servant les intérêts du lobby colonial. La thèse a perduré sous d’autres formes aujourd’hui : le projet de ceinture verte contre le Sahara, la privatisation des propriétés collectives autochtones. Ecrivant la première histoire environnementale de la colonisation française, la géographe américaine Diana K. Davis ébranle de manière magistrale des certitudes bien acquises.
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