Résumé :
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S'il fut jamais un temps où l'ethnographie allait de soi, tel n'est certainement plus le cas aujourd'hui. C'est de cette illusion perdue qu'est née l'idée de ce livre. Non pour regretter une époque qui a surtout existé dans l'imaginaire des anthropologues ni pour ébaucher une chronique de la mort plusieurs fois annoncée de l'anthropologie. Plutôt pour en saisir les enseignements épistémologiques, éthiques et surtout politiques. Et, peut-être aussi, pour s'en réjouir. Car au fond, qui pourrait douter que ce qui constitue le socle de l'enquête mais aussi de l'expérience ethnographiques, à savoir l'immersion dans une altérité volontiers lointaine et souvent exotique, est éminemment problématique ? Fruit d'une réflexion collective conduite à partir de recherches empiriques menées sur trois continents, dans des lieux aussi variés que peuvent l'être un quartier vénitien et un village néocalédonien, un cabinet de psychanalyste et une brigade des moeurs, une zone aéroportuaire d'attente pour des étrangers et un meeting politique de partisans xénophobes, l'ouvrage explore des questions qui se posent de plus en plus aux chercheurs. Comment le genre de l'enquêteur, ses préjugés, ses émotions, ses engagements influent-ils sur la compréhension que l'on peut avoir des sociétés ou des mondes sociaux que l'on étudie ? Comment les attentes, les exigences, les contestations de celles et ceux qui font l'objet de ces enquêtes informent-elles ou, même, transforment-elles le savoir anthropologique et sociologique ?
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