Résumé :
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Le Cestode Pseudiphyllidea, Ligula instestinalis (L.), présente un cycle biologique complexe à trois hôtes. Le premier hôte intermédiaire est un crustacé copépode, le deuxième hôte est un poisson zooplanctophage, dans lequel la larve plérocercoïde parasite est responsable de nombreux effets pathogènes, l'hôte définitif est un oiseau ichtyophage. Durant deux années, nous avons réalisé un suivi épidémiologique mensuel, dans trois localités du sud-ouest de la France. Les résultats montrent des dynamiques d'infestation très différentes entre les populations d'hôtes étudiées conduisant à l'identification, à l'échelle locale, de cycles parasitaires très distincts quant à leur degré de spécificité dans les trois compartiments hôtes. Les effets du parasitisme chez les poissons hôtes ont été ensuite analysés dans le cadre des théories évolutives récentes. Les expérimentations menées à la fois en conditions naturelles et en milieu contrôlé indiquent une occupation spatiale distincte entre les hôtes infestés et les hôtes sains. Les poissons âgés de trois ans très fortement infestés sont localisés à la surface de l'eau et près des berges. Les modifications morphologiques induites par la forte charge parasitaire entraînent des perturbations de la capacité de nage et de la vivacité de ces individus hôtes. Nous avons étudié également les effets exercés par la ligule sur la dynamique des populations de gardons. Les larves plécocercoïdes fortement agrégées induisent des effets pathogènes qui se traduisent par une mortalité directe des gardons âgés de trois ans. De plus, les modifications phénotypiques observées lors de cette étude rendent le poisson plus vulnérable à la prédation par les oiseaux ichtyophages, et augmenteraient donc la probabilité de transmission du parasite. Nous discutons finalement du rôle de cette modification phénotypique dans l'évolution des cycles parasitaires complexes comme simple conséquence épidémiologique ou au contraire, comme une phénomène adaptatif.
Ligula intestinalis (L.), (Cestoda, Pseudophyllidea) shows a complex three-host life-cycle. The first intermediate host is a crustacean copepod. The second is a zooplanktivorous fish in which the prerocoid forms, located in the host is an ichtyophagous bird which feeds upon the infected fish. Three localities in south-western France have been surveyed on parasitic infestation each month for two years. Our findings showed different parasite population dynamics among studied roach populations, yielding the characterization of differential host specificity on a local scale. Parasitic impacts on host population regulation were then considered within the framework of current hypotheses of evolutionary ecology. We have conducted both experimentation in natural conditions and controlled experiments in the laboratory to show that infested fish and uninfested specimens occupy different habitats in time and space. Three-year old fish individuals harbouring highest parasitic loads were found by the water surface and near water banks. Then, host phenotypic modification induced by parasitic pressures have been analyzed and showed that heavy loads may disturb host swimming ability and speed. Finally, we discussed on the effects exerted by plecocercoid larval forms on the host population dynamics. The worms may cause important direct mortality in 3-year old host individuals. In addition, the phenotypic modification induced by parasites may facilitate their capture by ichtyophagous definitive birds, thus favorizing parasite transmission. Therefore, the importance of parasitism in natural ecosystems was concluded with a special focus on the parasite-induced host modification phenotype hypothesis, i.e a simple supply-side pathological effect or a sophisticated adaptative phenomenon.
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