Résumé :
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Souvent décrite dans la littérature scientifique et militante comme essentiellement rurale, la société kurde a, au cours du XXe siècle, subi les effets de la modernisation et de la violence des États. Pourtant, la ruralité en tant que telle n'a jamais été au centre des recherches portant sur le Kurdistan. Aussi, en s'inscrivant dans une perspective diachronique et pluridisciplinaire, ce numéro tente de remédier à cette carence. Une première partie, historique, évoque les flux constants et réciproques qui ont longtemps lié le monde rural et le monde urbain. Une deuxième partie traite plus spécifiquement des violences politiques qui ont profondément transformé les campagnes kurdes tout au long du XXe siècle. Enfin, une troisième partie ouvre des pistes de recherche sur de nouvelles façons d'aborder aujourd'hui les espaces issus de ces violences. Nombre des articles de ce volume s'articulent autour des concepts d'" entre-deux ", de " marge " et de " mobilité ", mettant en relief la contradiction propre au Kurdistan entre une représentation tribale et montagnarde, d'une part, et la réalité des échanges permanents entre villes et campagnes, d'autre part. Outre qu'elle permet de documenter un espace géographique et social en constante mutation, cette nouvelle approche permet d'enrichir l'analyse de la société kurde, souvent limitée aux domaines politique et ethnique.
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