Résumé :
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Cette thèse examine les mécanismes psychologiques et physiologiques et les facteurs dinfluence impliqués dans les effets relaxants et stimulants (dimension émotionnelle dactivation) dodeurs plaisantes, en sappuyant sur les travaux réalisés dans le domaine de la musique. Dans les études 1a et 1b, nous avons observé qu'à l'instar de certaines musiques, la modulation de l'activation par certaines odeurs se traduit par une influence du fonctionnement du système de traitement de linformation temporelle via l'accélération ou la décélération de la cadence du pacemaker de l'horloge interne. De plus, des suggestions verbales préalables assignant aux odeurs des propriétés dactivation incongruentes étaient à même dannuler ces effets, témoignant de limportance des attentes a priori des sujets sur les émotions induites par les odeurs. En outre, les résultats de létude 1c ont montré que les odeurs nimpactaient pas lestimation de durées supérieures à la seconde, justifiant lintérêt de considérer par la suite les processus attentionnels dans lanalyse des effets dactivation olfactifs. Létude 2 reposait sur le fait que le tempo est considéré comme le principal facteur musical de modulation de l'activation, reflétant la cadence du pacemaker de lhorloge interne. Nous avons observé dans létude 2 que les sujets préfèrent des extraits relaxants ayant un tempo plus lent en présence dune odeur relaxante et les extraits stimulants ayant un tempo plus rapide en présence dune odeur stimulante, et ce alors que les odeurs étaient présentées de façon subliminale. Au niveau physiologique, nous avons pu mettre en évidence, dans létude 3, des effets relaxants de la musique et des odeurs sur le système nerveux autonome après un stress cognitif, mais agissant via des mécanismes neurophysiologiques distincts : le système nerveux parasympathique pour la musique (influence sur la bande de hautes fréquences de la variabilité du rythme cardiaque) et le système nerveux sympathique pour lodeur relaxante (influence sur lactivité électrodermale). Paradoxalement, lorsque musique et odeur étaient présentées de façon conjointe, aucun effet relaxant nétait observé. Enfin, dans létude 4, nous avons manipulé la concentration des odorants pour en estimer limpact sur des jugements dactivation établis sur la base de deux échelles unipolaires séparées. Nous avons ainsi pu observer que certaines odeurs pouvaient être perçues comme étant à la fois relaxante et stimulante pour une même intensité, ou bien encore que lémotion prédominante pouvait changer dune intensité à lautre. Ces résultats remettent en cause lutilisation classique (et encore prépondérante dans le domaine des émotions sensorielles) déchelles bipolaires opposant le caractère relaxant au caractère stimulant. En conclusion, nous proposons que létude des mécanismes psychologiques et neurophysiologiques impliqués dans les effets dactivation des odeurs devrait désormais sinscrire dans un cadre théorique des émotions nopposant pas nécessairement les propriétés relaxante et stimulante, et prenant en compte les processus top-down, en particulier les attentes des sujets et la spécificité des représentations sémantiques des stimulations affectives, notamment entre différentes modalités sensorielles.
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