Résumé :
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Dans la gestion forestières des espaces montagnards abandonnés des Alpes internes françaises et italiennes, il importe de déterminer les potentialités du sapin (Abies alba Mill.) et de l'épicéa (Picea abies (L.) Karsten), compte tenu de leur comportement vis-à-vis du climat et de l'action anthropique passée. Une étude dendroécologique a d'abord été réalisée sur 33 populations échantillonnées dans 4 vallées: la Tarentaise, la Maurienne, le Briançonnais et le Val de Suse. Des fonctions de corrélation ont été calculées entre les chronologies d'indices de croissance radiale de chaque population et les paramètres climatiques mensuels. Dans les populations mixtes, la comparaison des réponses au climat des deux espèces met notamment en évidence le caractère thermophile du sapin et la sensibilité des l'épicéa à l'aridité estivale. Les différences entre les relations cerne/climat permettent d'analyser le comportement physiologique de ces essences selon l'espèce, le site, l'altitude et l'exposition. De plus, les années caractéristiques (à croissance inhabituellement faible ou forte) soulignent le rôle des facteurs climatiques limitants ou favorables. Ensuite, les aspects historiques passés et la dynamique des peuplements ont été étudiés à partir de documents anciens et des courbes de croissance radiale par âge courant. L'approche historique montre l'influence des déboisements passés (étendus dans ces régions de montagne) sur la dynamique forestière des versants sud. La réinstallation des forêts y est donc en plein essor, et le sapin n'est sans doute encore pas intervenu. L'ensemble des résultats obtenus permet de préciser la place potentielle des essences dans les vallées étudiées. Le sapin est amené à se développer en adret en Tarentaise et Haute-Maurienne. En Briançonnais, il peut être favorisé dans la recolonisation des mélézins d'ubac du montagnard supérieur. Dans le coeur du Briançonnais, il est préférable de ne pas tenter de reboiser avec de l'épicéa qui trouve ses limites climatiques à Névache et Bardonecchia. Dans les environs de Suse, le sapin et l'épicéa favorisés par les pluies printanières ont une place à tenir en ubac et, dans une certaine mesure, en adret.
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