Résumé :
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Pour les arbres forestiers non directement menacés d'extinction, les caractéristiques démographiques des populaùons ont rarement été prises en compte pour définir des règles de gestion raisonnée des ressources génétiques. Cette thèse porte sur l'étude des relations entre diversité génétique et démographie dans le cas des espèces disséminées des forêts tempérées, qui combinent de faibles densités locales d'individus dans les peuplements, à une aire de répartition importante à l'échelle continentale. Généralement caracterisees par leurs bonnes capacités de colonisation et leur faible aptitude à la compétition inter-spécifique, ces espèces présentent une dynamique démographique dite nomade, marquée par les phénomènes d'extinction et de recolonisation locale. J'ai étudié l'organisation de la diversité génétique neutre et les flux de gènes chez l'alisier torminal, une espèce disséminée de la famille des Rosacées, entomophile et zoochore. A large échelle, la forte diversité observée au sein des populations pour des marqueurs spécifiques des déplacements des graines (marqueurs sur l'ADN chloroplastique), ainsi que la faible différenciation entre populations pourraient être caractéristiques des espèces combinant une dynamique de coloxusation, et une dispersion de graines à longue distance. Les capacités de dispersion des gènes par pollen ont été évaluées directement par une étude de patemité dans une population d'alisier couvrant 450 ha (une vingtaine de parcelles forestières). Malgré la prédominance des croisements entre proches voisins, les événements de dispersion du pollen à longue distance sont fréquents, et notamment favorisés par l'isolement des individus. La faible densité de population et la distribution irrégulière des individus se traduisent néanmoins par un faible nombre efficace de pères participant à la reproduction. Localement, les individus présentent une tendance diffuse à l'agrégation, associée a une organisation spatiale de la diversité génétique non aléatoire : les arbres d'un même agrégat sont plus apparentés qu'en moyenne. Ces caracteres pourraient résulter de la dynamique d'établissement des semis, gouvemée par la disponibilité de sites favorables et le transport des graines par des animaux. Ces différents résultats s'accordent à mettre en évidence le rôle majeur des traits d'histoire de vie démographiques sur l'évoluùon la diversité génétique, et la variabilité de leurs effets selon l'échelle temporeHe et spatiale considérée. Un modèle de simulations prenant en compte la dynamique démographique des espèces disséminées pour prédire l'évolution sur le long terme de leur diversité génétique est présenté en perspective de ce travail, et son intérêt pour l'intégration des processus démographiques dans les programmes de conservation des espèces forestières secondaires est discuté.
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