Résumé :
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Le bois mort est un enjeu de gestion pour le développement durable c'est pourquoi il constitue un indicateur de biodiversité forestière en France et en Europe. En effet, il assure plusieurs fonctions écologiques dans l'écosystème forestier (recyclage, fertilité des sols) et constitue une ressource trophique pour les « saproxyliques » qui dépendent pendant au moins une partie de leur cycle biologique du bois mort. Ainsi, une succession de cortèges accompagne la décomposition du bois. De nombreux taxons saproxyliques, coléoptères notamment (2000 espèces soit 71 familles en France) sont menacés à cause du déficit en bois mort en forêts exploitées (seulement 2 à 30% de son volume dans les forêts naturelles), considéré comme déchet et foyer de ravageurs. Pourtant les ravageurs (xylophages primaires et secondaires) représentent moins de 1% des espèces forestières. Les saproxylophages colonisent les bois morts anciens (au moins 1 an) et ne représentent aucun danger phytosanitaire. Une étude lancée par le Cemagref en 2006 vise, entre autres, à évaluer les relations entre un gradient de bois mort à l'échelle locale du peuplement et la biodiversité des coléoptères saproxyliques. A ce titre, des relevés dendrométriques (volume et diversité du bois mort) ont été effectués sur 30 placettes en chênaie-charmaie à Rambouillet (78). Par ailleurs, des relevés entomologiques (abondances et composition en familles, espèces majeures et groupes écologiques) ont été réalisés avec 60 pièges Polytrap®, dont deux campagnes ont pu être analysées. Contrairement aux résultats attendus, ni le volume total de bois mort ni la diversité générale des pièces n'influencent l'abondance totale et la composition des coléoptères saproxyliques à l'échelle du peuplement. Ceux-ci sont plus sensibles au volume de certains types de bois mort définis par la strate (souche), l'essence (chêne) et le degré de décomposition (bois mort frais) et à la diversité de ces types : essence, degré de décomposition. Les modalités à une gestion forestière favorable aux coléoptères saproxyliques impliquent un volume minimum de bois mort (10m3/ha) et une diversification des pièces. Ainsi le développement d'arbres sur-réserves isolés ou groupés, à laisser vieillir, favorise la continuité d'approvisionnement du bois mort tout en minimisant les contraintes de gestion pour le sylviculteur.
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