Résumé :
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La création du plan de chasse et son application, rendue obligatoire en France depuis 1979, ont entraîné un essor rapide des populations de Cerf (Cervus elaphus) et de Chevreuil (Capreolus capreolus). Par le frottis, l'écorçage et surtout la consommation de pousses (abroutissement), ces cervidés provoquent des atteintes aux peuplements forestiers. La quantification de ces dommages et plus encore l'évaluation de leurs conséquences sur la conduite sylvicole des reboisements restent encore délicates et souvent partisanes faute de méthodes d'expertise ad hoc. Dans ce contexte, mon étude s'intéresse à l'impact des cervidés sur les régénérations naturelles de chênes (Quercus petraea (Mattus.) Liebl. et Quercus robur L.) issues d'un traitement régulier. Les chênaies sessiliflores et pédonculées couvrent près du tiers de la surface forestière française et leur sylviculture, par régénération naturelle, représente la principale source de revenus des forêts publiques gérées par l'Office National des Forêts. Toutefois, la forte appétence des chênes favorise les abroutissements dont l'incidence peut perturber les itinéraires sylvicoles dévolus à la conduite des régénérations. Aussi, le développement d'un outil de diagnostic et d'aide à la décision adapté à cette sylviculture répond-il à une attente pressante à laquelle j'essaierai de répondre. Le travail que je présente se décompose en 2 volets complémentaires. Le premier a trait aux approches méthodologiques mises en ½uvre pour finaliser la conception d'un protocole d'expertise pertinent et facilement applicable par les sylviculteurs. Le second concerne l'étude des conséquences de l'abroutissement sur la croissance des chênes. Il a pour objectif d'apprécier la résilience des chênes aux dégâts afin de préciser la nature des risques encourus par les régénérations endommagées. Sur la base d'un inventaire systématique bâti sur un maillage de placettes circulaires de 6,2 m² (rayon 1,4 m), la méthode proposée permet de définir, à l'échelle du peuplement étudié, différents descripteurs. Ainsi, l'abondance de la régénération, sa répartition et la qualité sylvicole des chênes sont décrites. Une cartographie des niveaux de densité de chênes permet de localiser et d'apprécier l'incidence effective des difficultés de régénération. Mon étude montre la résistance incontestable des chênes aux abroutissements qui, en dépit de consommations intenses et répétées, conservent, dès lors que leur croissance peut s'exprimer à nouveau, la faculté de restaurer une architecture compatible avec l'attente des sylviculteurs. La méthode proposée se réfère aux normes sylvicoles appliquées aux chênes ; son adaptation aux régénérations d'autres essences telles que le Sapin ou le Hêtre mériterait d'être testée. Par ailleurs, les résultats de cette étude apportent des éléments de réflexion qui ouvrent la voie à des propositions de recherche pour évaluer l'influence des cervidés sur les régénérations issues d'un traitement irrégulier.
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