Résumé :
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Différents types d'échantillons d'armillaire (rhizomorphes souterrains, mycéliums sur souches et carpophores) ont fait l'objet d'une récolte et d'un isolement dans quatre peuplements forestiers formant les maillons d'une chaîne écologique dans laquelle l'importance d'Armillaria ostoyae va croissant : - une hêtraie pure montagnarde avec Armillaria gallica, Armillaria cepistipes, et Armillaria mellea (très rare) - une hêtraie pure montagnarde avec Armillaria cepistipes, Armillaria gallica, et Armillaria ostoyae présente à l'état disséminé - une hêtraie montagnarde enrésinée il y a soixante ans et faisant place aujourd'hui à un peuplement de sapin pectiné, où Armillaria osfoyae est en passe de devenir prépondérante, alors qu'Armillaria gallica et Armillaria cepistipes sont encore bien représentées ; - un jeune semis de pin sylvestre et bouleau faisant suite à un peuplement mixte feuillus-pin sylvestre, où Armillaria ostoyae est seule présente et se comporte en parasite actif sur les pins. La cartographie des clones, déterminés par l'incompatibilité somatique, a permis de préciser, pour chaque site, la répartition spatiale des espèces et des clones, notamment les recouvrements dans l'espace entre clones d'espèces différentes, alors que deux clones d'une même espèce ne se mélangent que sur leur frontière commune. Dans un certain nombre de situations, d'autres méthodes de définition des clones ont pu être mises en oeuvre et comparées. L'utilisation des allèles d'incompatibilité sexuelle comme marqueurs génétiques et l'analyse de l'ADN nucléaire par RAPD valident l'utilisation de l'incompatibilité somatique en routine. Dans deux cas, l'incompatibilité somatique a permis de distinguer des clones d'Armillaria ostoyae isogéniques pour les allèles d'incompatibilité sexuelle. Dans trois cas, l'analyse de l'ADN nucléaire par RAPD a permis de subdiviser des clones somatiques. Les allèles d'incompatibilité sexuelle et l'analyse de l'ADN mitochondrial apportent des renseignements supplémentaires sur la variabilité génétique et la filiation entre clones, alors que l'analyse des isoenzymes demande à être approfondie. La succession écologique des différentes espèces d'armillaire dans la hêtraie d'altitude enrésinée est discutée, ainsi que la stratégie de colonisation d'Armillaria ostoyae dans une forêt de conifères et les facteurs qui peuvent contribuer à l'expression de son pouvoir pathogène. Cette espèce se montre en effet un colonisateur performant des substrats disponibles en forêt résineuse, pouvant ainsi devenir l'espèce d' armillaire exclusive.
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