Résumé :
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La première partie du rapport traite de l'évolution de la vitesse de croissance en hauteur dominante au cours du XXème siècle dans les hêtraies régulières du Nord-Est. Au cours des 15 dernières années, plusieurs études en Europe ont montré que la productivité forestière avait fortement augmenté depuis 150 ans. Cette évolution a d'abord été mise en évidence, de façon fortuite, par des études de type dendroécologique qui recherchaient des origines lointaines aux dépérissements forestiers de la décennie 1980. Les chiffres obtenus par cette méthode étaient très élevés : de l'ordre de +100% d'augmentation de l'accroissement radial entre 1890 et 1990 dans le cas de hêtres en futaies régulières en Lorraine. De longues controverses méthodologiques se sont alors engagées, traquant de possibles artefacts. Avec le recul et l'accumulation de résultats convergents obtenus par diverses méthodes, un consensus s'est fait sur l'existence du phénomène. De fortes incertitudes persistent cependant, d'une part sur les causes du phénomène (rôle des changements globaux) et sur les hypothèses d'évolution dans le futur, d'autre part sur la mesure précise de la tendance à l'échelle du peuplement. Le travail rapporté ici concerne ce deuxième problème : apprécier les changements de productivité à l'échelle du peuplement, dans les hêtraies régulières domaniales du nord-est de la France. En effet, l'échelle du peuplement est le niveau pertinent pour aborder les séquences des changements de productivité sur la gestion des ressources forestières. S'agissant de quantifier la productivité de peuplements réguliers (i.e., monospécifiques , et équiennes), nous nous sommes intéressés aux changements ayant affecté la croissance en hauteur dominante, qui est utilisée depuis longtemps comme indicateur de la production en volume. Le contexte des changements de productivité nécessite également de redéfinir les concepts et les méthodes d'étude et d'échantillonnage de la croissance en hauteur. En particulier, on ne peut plus utiliser l'indice de fertilité classique (hauteur à un âge de référence), qui est soumis à la dérive qu'on cherche à mettre en évidence, si dérive il y a. Ce travail nous a ainsi amené à définir une méthode d'échantillonnage spécifique (méthode " des couples ") et à concevoir une modélisation originale pour l'analyse des données recueillies. La deuxième partie du rapport s'intéresse à l'impact des changements de statut social sur l'estimation des tendances à long terme de la croissance radicale. Le but de ce travail est de quantifier l'ampleur de ce biais dans les méthodes de reconstruction dendrochronologique de l'évolution de la croissance radicale du hêtre.
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