Résumé :
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L'Arc en Maurienne (Savoie) présente a l'état naturel tous les caractères d'une rivière torrentielle à forte pente, à l'hydrologie contrastée, aux transports solides abondants. Depuis le XIX siècle, des interventions anthropiques massives ont transformé profondément le fonctionnement du système fluvial : un endiguement insubmersible sur les deux tiers du cours d'eau, l'assainissement de la basse vallée par colmatage et drainage, des travaux de correction torrentielle dans les bassins versants affluents, le développement des équipements hydroélectriques. Maîtrisé, l'Arc est à l'origine de la transformation de l'espace mauriennais en couloir industriel. Les aménagements de la rivière entraînent des perturbations profondes de l'hydrologie : la modification des débits et des rythmes des écoulements ordinaires, la suppression des crues de forte fréquence et la création d'un régime-usine artificiel. Le domaine dans lequel l'anthropisation est la plus caractéristique et la plus lourde de conséquences en terme de gestion est celui de la morphologie fluviale. Le transit des matières en suspension n'est plus entièrement assuré ; la charge de fond, pour l'essentiel d'origine torrentielle, continue de parvenir dans le talweg tandis que l'affaiblissement de la puissance de la rivière a supprimé sa capacité d'évacuation. La tendance à l'exhaussement et à l'engorgement du lit constitue un trait original dans l'évolution actuelle des rivières alpines. Dans ce contexte, les grandes crues, non modifiées par les équipements hydroélectriques, deviennent des épisodes paroxysmaux dont les effets sont amplifies. Le cumul des perturbations anthropiques conduit à l'élaboration d'une dynamique fluviale d'un type nouveau, artificielle et tronçonnée.
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