Résumé :
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Après une révision de la systématique et de la biogéographie du genre Chondrostoma, la situation actuelle des deux espèces françaises appartenant à ce genre, C. toxostoma toxostoma (autochtone) et C. nasus nasus (récente), est analysée. L'extension de cette dernière espèce s'est réalisée progressivement entre 1853 et 1890 dès la mise en service des canaux de l 'Est français, ce qui lui a permis de passer du bassin du Rhin à celui de la Seine d'abord, puis du Rhône (et de la Loire supérieure) ensuite. L'espèce n'a pas eu le temps de se différencier des populations originelles. La comparaison de la démographie des populations françaises (Haut Rhône) avec celle d'autres populations montre que les croissances linéaire et pondérale comptent parmi les plus rapides, particulièrement dans la rivière d'Ain affluente au fleuve, où se trouve également la fécondité absolue la plus élevée. La fécondité relative est cependant du même ordre que chez d'autres populations. La présence inopinée de cette nouvelle espèce dans l'ichtyofaune française, où elle occupe une niche écologique originale, n'entrave nullement la dynamique du peuplement autochtone, en particulier pendant la période de reproduction. Les pèches de destruction de l'espèce à ce moment doivent donc être considérées comme inutiles voire dangereuses. Une nouvelle méthodologie d'échantillonnage à l'aide de la pèche électrique (Echantillonnage Ponctuel d'Abondance) est proposée pour résoudre la problématique posée dans le Haut Rhône, et généralement dans tous les grands cours d'eau, offrant de nombreux avantages par rapport aux méthodes classiques. Elle permet de déterminer l'abondance relative des espèces, les structures spécifiques du peuplement et les relations espèces milieu. L'espace et le temps peuvent être structurés de façon objective grâce à un découpage en strates spatio-temporelles. Espèce prépondérante, C. n. nasus constitue un excellent matériel expérimental pour analyser les résultats d'un tel échantillonnage dans le Haut Rhône. Une nette régression des effectifs depuis deux ans est liée à la mise en place des nouveaux aménagements hydroélectriques. L'espèce qui apparaît assez sensible aux pollutions et aux dégradations du milieu ne peut se maintenir que dans les portions court-circuitées du fleuve. Une analyse des structures de populations en classes de taille fait apparaître une partition en trois types de bancs, dont la succession spatio-temporelle est décrite en détail. Ces bancs sont plus déterminés en fonction de la taille individuelle que de l'état de maturité sexuelle. L'étude des profils écologiques indique que la dynamique de l'espèce dans le Haut Rhône se traduit par une chenalisation progressive des individus au cours de leur croissance. Dans l'espace considéré comme naturel existent des déplacements complexes entre chenal et lônes, tandis que dans les aménagements la dynamique est conditionnée par la dimension des tronçons court-circuités du fleuve.
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