Résumé :
|
Les campagnes de mesure effectuées depuis le début des années 1970 sur les réseaux d'assainissement unitaires et séparatifs ont montré que de nombreux polluants étaient présents sous forme majoritairement particulaire dans les rejets se produisant par temps de pluie à l'interface des systèmes d'assainissement des agglomérations et des milieux récepteurs. A l'échelle annuelle par exemple, la masse de matières en suspension déversée par une agglomération par temps de pluie est comparable à la masse rejetée par sa ou ses stations d'épuration. Matières organiques, bactéries, micropolluants organiques ou minéraux associés à ces matières en suspension ont un impact négatif sur les milieux aquatiques et les usages de l'eau. Leurs effets ont longtemps été masqués par les dégradations dues aux rejets d'eaux usées de temps sec. La reconquête des milieux aquatiques au cours des dernières décennies grâce à la fiabilisation et l'amélioration de la collecte et du traitement des eaux usées a rendu plus visible l'impact des déversements polluants par temps de pluie. La réduction des flux polluants de temps de pluie s'est donc peu à peu dessinée comme un nouvel enjeu environnemental. Du fait de la nature particulaire et décantable des rejets, les bassins de stockage en réseau d'assainissement, initialement conçus pour stocker les apports excédentaires en vue de réguler les débits et limiter les débordements, se sont peu à peu révélés comme étant des dispositifs de dépollution efficaces. On est passé de la notion de stockage simple à celle de stockage-décantation. Partant de ce constat, la conception, le dimensionnement et la gestion des bassins ont peu à peu évolué de façon à améliorer l'efficacité d'interception et de traitement et à faciliter l'exploitation de ces ouvrages. Les premiers bassins de stockage-décantation dédiés à la dépollution des rejets urbains de temps de pluie datent de la fin des années 80. Il se sont multipliés par la suite et l'expérience comme la connaissance accumulées au cour des 15 dernières années permettent aujourd'hui d'envisager un retour d'enseignements à retombées opérationnelles. L'ASTEE, à travers le groupe « pluvial » de la commission assainissement, réunit les acteurs des derniers travaux sur les bassins de stockage-décantation. Ces acteurs qui appartiennent à la fois au monde de la recherche, des collectivités et des exploitants ont collaboré à travers des programmes de recherche montrant les nouvelles voies qu'ouvre l'évolution des connaissances et de la technologie pour une meilleure gestion des apports polluants de temps de pluie. Ce numéro de TSM, fruit de cette collaboration, présente des articles de synthèse constituant un « état de l'art » sur les bassins de stockage décantation. Les différentes facettes de la question de la gestion des effluents de temps de pluie au moyen des bassins de stockage décantation sont abordées en commençant par le dimensionnement des ouvrages : quelle est l'influence des modes de représentation de la pluie dans les études sur le dimensionnement hydraulique, quelles sont les méthodes de dimensionnement existantes ? La vitesse de chute des particules est l'un des paramètres caractéristiques des effluents dont la connaissance est indispensable au dimensionnement d'ouvrages de décantation car elle permet de faire une première évaluation du rendement envisageable par décantation suivant les caractéristiques géométriques de l'ouvrage. Deux articles présentent les appareils et protocoles aujourd'hui disponibles. Enfin, des résultats de suivis métrologiques sur différents bassins sont présentés et commentés. Ces synthèses techniques sont suivies de témoignages exemplaires de gestionnaires de nombreuses collectivités comme Bordeaux, Nancy, Saint-Malo, Paris, les départements du Val de Marne et de la Seine Saint Denis. Ils présentent le niveau d'équipement actuel, les contraintes et perspectives de gestion. Ces témoignages et ces synthèses techniques serviront de base à une journée d'échanges organisée par l'ASTEE sur les bassins de stockage décantation qui aura lieu le 27 janvier 2004 à l'École nationale des Ponts et Chaussées, à Paris. Souhaitons que les échanges qui auront lieu à cette occasion soient fructueux et marquent un temps de réflexion pour orienter les travaux à venir.
|