Résumé :
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L'objectif de cette étude est d'estimer les effets de la réalimentation de la lône de la Platière par une prise d'eau située en rive gauche du canal d'amenée à l'usine hydroélectrique de Péage de Roussillon. Dans ce but, la végétation aquatique et un certain nombre de paramètres du milieu (granulométrie, profondeur, vitesse du courant) ont été cartographiés sur l'ensemble de la lône. L'effet de la réalimentation est estimé par comparaison avec les résultats des études antérieures ayant porté sur les mêmes paramètres (végétation et paramètres du milieu) et sur les mêmes relevés (transects en travers de la lône, toujours situés aux mêmes emplacements). Les principaux résultats de la présente étude sont les suivants: La réalimentation de la lône par des eaux d'origine fluviale provoque des dépôts de sédiments fins dans le bras, en particulier au niveau des confluences. Ces dépôts provenant des particules en suspension dans le fleuve, sont certainement très chargés en nutriments et en composés toxiques. Ces dépôts peuvent être défavorables à la végétation aquatique et peuvent également entraîner un colmatage progressif de la lône. Ce colmatage est susceptible d'entraîner la diminution du transfert des eaux vers la nappe, ce qui peut nuire à plus long terme à la végétation alluviale. Cependant, les crues ont une action érosive efficace dans ce secteur. Cette action peut provoquer le décapage périodique du lit de la lône, et éviter ainsi son colmatage. Le débit de la prise d'eau permet le maintien des profondeurs et vitesses du courant comparables, voire plus élevées à celles qui étaient observées en 1989. Le débit tel qu'il est réglé actuellement, maintient un courant lent mais permanent dans la lône, qui est susceptible de favoriser les processus d'auto-épuration. Ces processus semblaient actifs avant la réalimentation, et devraient se maintenir. La conséquence inévitable de la mise en place de la réalimentation de la lône directement à partir du fleuve est l'augmentation du niveau trophique dans la lône, et sa plus grande sténothermie due au fait que le fleuve a des eaux moins froides en hiver et moins chaudes en été que les eaux des milieux annexes. Une sténothermie des eaux de la lône devait déjà s'observer lorsque le débit du contre canal était important (entre 1977 et 1985), avec des eaux qui devaient cependant être en moyenne plus fraîches. Cette sténothermie a dû diminuer progressivement et s'accompagner d'une augmentation progressive du degré de trophie avec le colmatage du lit du contre canal et des digues du canal d'amenée. La réalimentation a permis une recrudescence d'espèces thermophiles, ne supportant pas les basses températures hivernales. L'état floristique observé en 1992 est sans doute un état intermédiaire, et le cortège floristique ne s'est pas encore stabilisé. Si la situation se maintient, donc si le niveau trophique reste le même, on peut s'attendre à la disparition des espèces intolérantes aux forts degrés de trophie (Ranunculus fluitans, Potamogeton pectinatus), espèces qui ont régressé en 1992. Cette disparition s'effectuera dans ce cas au profit de Ranunculus circinatus, Vallisneria spiralis, Potamogeton nodosus, Ceratophyllum demersum, entre autres. Une diminution du degré de trophie de la lône (en cas de diminution des rejets de l'usine Rhône Poulenc) ou du fait du déplacement vers l'amont de la prise d'eau, pourrait permettre la réapparition de Sparganium emersum et de Elodea canadensis, observée de manière sporadique, et la recrudescence de Ranunculus fluitans et de Potamogeton pectinatus. Cette amélioration ne devrait pas nuire aux espèces dont l'abondance a augmenté, telles Vallisneria spiralis, Najas marina, ou Potamogeton nodosus, car l'amélioration de la qualité des eaux resterait indépendante de sa sténothermie.
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