Résumé :
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En étudiant les conversations ordinaires des Américains, dans une démarche pragmatiste, Nina Eliasoph met au jour une puissante culture d'évitement du politique, à l'oeuvre dans la vie quotidienne. Pendant deux ans et demi, elle a mené une enquête ethnographique dans trois types d'associations : des groupes de bénévoles, des clubs de loisirs et des collectifs d'activistes, implantées dans des villes de banlieue de la côte Ouest. Elle a écouté les conversations à l'intérieur des groupes et dans les interactions avec les pouvoirs publics, les travailleurs sociaux, les médias et les grandes entreprises. Dans les deux cas, elle a prêté l'oreille aux discours publics, mais aussi aux propos murmurés en coulisse. Ce faisant, elle prend à revers les analyses dominantes sur l'espace public et les travaux quantitatifs sur la participation politique. Elle montre des citoyens soucieux du sort du monde, ni indifférents ni satisfaits, mais qui n'expriment ces préoccupations que dans les conversations les plus privées. Plus l'arène devient, publique, moins le souci du bien commun paraît légitime et plus les citoyens semblent apathiques ou préoccupés uniquement de leur intérêt personnel. Un véritable " cycle d'évaporation du politique " apparaît alors, dont Nina Eliasoph décrit les différents rouages. L'évitement de la politique est devenu depuis sa parution un classique de la sociologie américaine contemporaine.
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