Résumé :
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James Lovelock na pas eu de chance avec lhypothèse Gaïa. En nommant par ce vieux mythe grec le système fragile et complexe par lequel les phénomènes vivants modifient la Terre, on a cru quil parlait dun organisme unique, dun thermostat géant, voire dune Providence divine. Rien nétait plus éloigné de sa tentative. Gaïa nest pas le Globe, nest pas la Terre-Mère, nest pas une déesse païenne, mais elle nest pas non plus la Nature, telle quon limagine depuis le XVIIe siècle, cette Nature qui sert de pendant à la subjectivité humaine. La Nature constituait larrière-plan de nos actions. Or, à cause des effets imprévus de lhistoire humaine, ce que nous regroupions sous le nom de Nature quitte larrière-plan et monte sur scène. Lair, les océans, les glaciers, le climat, les sols, tout ce que nous avons rendu instable, interagit avec nous. Nous sommes entrés dans la géohistoire. Cest lépoque de lAnthropocène. Avec le risque dune guerre de tous contre tous. Lancienne Nature disparaît et laisse la place à un être dont il est difficile de prévoir les manifestations. Cet être, loin dêtre stable et rassurant, semble constitué dun ensemble de boucles de rétroactions en perpétuel bouleversement. Gaïa est le nom qui lui convient le mieux. En explorant les mille figures de Gaïa, on peut déplier tout ce que la notion de Nature avait confondu : une éthique, une politique, une étrange conception des sciences et, surtout, une économie et même une théologie.
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