Résumé :
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Qui gouverne les politiques publiques ? Les gouvernants élus ? Les experts ? Une pluralité d'acteurs qui collaborent ? Et si la gouvernance, dont on parle tant, n'était finalement que régime d'exception dans l'action publique contemporaine ? Et si cette dernière reposait sur un paradoxe qui reste à déchiffrer : la pluralisation des acteurs d'un côté, leur sélection de l'autre ? Et si l'action publique était en grande partie processus de clôture sélective à l'entrée de coalitions ? Et s'il fallait substituer la question « qui gouverne quand personne ne gouverne ? » par : comment devient-on gouvernant dans ces coalitions ? Et si le policy prenait le pas sur le politics ? Le hiatus, déjà posé par Tocqueville, entre ouverture démocratique et efficacité décisionnelle, ne travaille-t-il pas perpétuellement le polity ? En ouvrant un programme de recherche, théorique, méthodologique et empirique, sur les conditions sociales et politiques de la « sélectionnabilité » dans l'action publique, les quatre parties de cet ouvrage collectif constatent que, quelles que soient les procédures (cooptation polyarchique bien entendu mais aussi participation, concertation, mise en compétition), quelle que soit la légitimité à l'œuvre (élective, experte, technique, légale rationnelle), quels que soient les moments (définition ou mise en oeuvre d'une politique, période routinière ou de réforme), la sélection est une composante essentielle du policy process. Comprendre ce design sélectif de l'action publique n'est pas seulement entrer dans la boîte noire de la fabrication des biens publics, c'est aussi et surtout s'interroger sur les recompositions de l'ordre politique des sociétés contemporaines.
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