Résumé :
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Avec la deuxième révolution industrielle, celle de l'électricité et de l'automobile, Bordeaux connaît un développement sans précédent. Les rives de la Garonne se dotent d'une multitude d'entreprises qui relèvent de l'industrie lourde comme les constructions navales ou aéronautiques, l'automobile et le ferroviaire. Cette période qui s'ouvre après la première guerre mondiale et perdure jusqu'à la fin des années 1960, est l'apogée d'une longue histoire qui a commencé dès l'Antiquité avec les premiers aménagements portuaires. De tout temps Bordeaux doit sa richesse économique à son fleuve, ce qui faisait dire à Camille Julian au début du XXe siècle : « Bordeaux est un présent que la Garonne a fait à la France. C'est le fleuve qui l'a créé plutôt que les hommes. Il a été la raison d'être de son existence avant de devenir l'arbitre de ses destinées ». C'est par l'estuaire que s'exportent les produits d'un vaste arrière-pays riche, au premier rang desquels le vin, et c'est par lui qu'arrivent les denrées coloniales mais aussi les matières premières qui sont transformées aux abords immédiats de la ville, transformant quelques kilomètres de fleuve en véritable rue industrielle. Paradoxalement, dans cette intense période de développement qu'est le XXe siècle, la densité des entreprises et des docks cache progressivement le fleuve à la vue des Bordelais qui en oublient son rôle vital. Il faut attendre les années 1990 et la réhabilitation des quais pour que les Bordelais redécouvrent l'estuaire. On relit les poètes qui l'ont chanté, d'Ausone à Bernard Manciet en passant par Pierre de Brach ou Hölderlin. Les historiens se penchent à nouveau sur son passé, les anthropologues et les naturalistes s'intéressent à la spécificité de ses rives et des modes de vie qui s'y sont développés, et le Conservatoire de l'estuaire, créé voici vingt ans, s'attache à donner du sens à tous ces travaux.
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