Résumé :
|
Les dispositifs de développement territorial multiplient les territoires de gouvernance et les acteurs qui interviennent dans la fabrication de laction publique. Cela pose la question des modalités dinteraction de ces acteurs dans leur diversité, leurs échelles et périmètres dintervention et la question des effets de ces interactions sur le processus de fabrication de laction publique. En associant géographie et science politique, la thèse propose un modèle danalyse dinspiration foucaldienne pour étudier les interactions entre acteurs de différents territoires de gouvernance dans le processus de fabrication de politiques publiques. Ce cadre est utilisé pour expliquer le processus observé dans la province Nord de Nouvelle-Calédonie. Depuis la signature des accords de Matignon (1989), la Nouvelle-Calédonie est divisée en trois provinces dont la province Nord, gérée par des élus kanak majoritairement indépendantistes. Depuis 1992, un dispositif de développement territorial, venant de la France, a été mis en ½uvre sur les communes du territoire provincial : les Opérations groupées daménagement du foncier (OGAF). Le dispositif sappuie sur une association locale composée dacteurs du territoire de projet et sur des comités locaux de discussion qui favorisent la participation dun plus grand nombre dacteurs aux politiques de développement. Après quelques expérimentations, les OGAF sont devenues centrales dans la politique provinciale de développement. En analysant les discours et les pratiques des acteurs, la thèse examine les interactions multi-niveaux qui se nouent entre les acteurs autour des usages de linstrument OGAF. Notre recherche souligne que le dispositif est mobilisé de manière diversifiée par les acteurs selon leurs trajectoires, leurs représentations du développement et leurs intérêts. Au niveau provincial, les interactions entre experts et élus provinciaux permettant le transfert de linstrument OGAF montrent la construction dalliances traductionnelles et une instrumentalisation réciproque. Les usages locaux du dispositif OGAF soulignent que lentrée de nouveaux acteurs dans la mise en oeuvre est mesurée. Les stratégies de recrutement des membres des comités locaux se révèlent proches des stratégies de recrutement des partis politiques. Notre recherche sintéresse ensuite aux effets de louverture des comités locaux en caractérisant les recompositions dans les discours et les pratiques des acteurs en termes de développement. La thèse démontre la constitution dune coalition discursive ascendante vers le niveau provincial permettant de légitimer linstitutionnalisation des OGAF au sein des politiques provinciales. Enfin, lanalyse des OGAF récentes montre que les élus provinciaux et les cadres de ladministration utilisent linstrument pour mieux contrôler la partie Est du territoire provincial.
|