Résumé :
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L'Europe a été inventée par la culture et a inventé la science ; le temps est peut-être venu qu'elle confronte ces deux faces de son identité. Au-delà des aléas que rencontre l'Europe dans sa quête d'une problématique unité économique et politique, cette confrontation répond à une exigence pressante. Comment, sinon, faire face au défi de la modernité : celui que lance à la démocratie, fille de cette culture, la technocratie, fille de cette science ? Saurons-nous inventer à temps les nouvelles voies d'une maîtrise collective de notre avenir qui permettront à la conscience citoyenne de ne pas se laisser déborder par la compétence technicienne ? Ce siècle nous a rappelé dès son début que les cultures sont mortelles ; il pourrait bien nous apprendre avant sa fin que les sciences ne sont pas immortelles. Les tensions politiques et les forces économiques, si elles ont pu dans un passé proche oeuvrer en Europe à la Renaissance de la culture comme à la naissance de la science, pourraient bien dans un avenir plus proche encore les conduire conjointement à la décadence. Leur "défense et illustration", désormais nécessairement commune, nous, Européens, ne pourrons les mener à bien qu'ensemble. Encore faut-il que nous ayons des relations complexes entre science et culture une vision claire à l'échelle du continent. C'est un premier état des temps, des lieux et des actions de l'Europe - forces et faiblesses, unité et diversité, réalisations et projets - que propose ce numéro exceptionnel d'Alliage. Il est par lui-même un exemple des nouvelles initiatives qui s'imposent désormais : une version anglaise de ce numéro est publiée par Public Understanding of Science, cependant que des publications partielles en sont faites en espagnol par Arbor, en italien par Prometeo, en néerlandais par Iota, en portugais par Colloquio Ciencia, et en suédois par Vest.
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