Résumé :
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Contradictoire, contestée ou inefficace, l'expertise publique a-t-elle encore un sens et un avenir ? Du scandale du sang contaminé aux incertitudes du changement climatique, du dossier de l'exposition à l'amiante à celui de l'ESB ou du nucléaire, les «experts» chargés de suivre une activité ou de conseiller le gouvernement ont été régulièrement mis en cause. Ces dossiers aux conséquences majeures ont tout d'abord révélé les tensions internes aux milieux scientifiques et techniques: la connaissance, aussi rationnelle qu'elle prétende être, ne forme pas un ensemble homogène et bien stabilisé, elle est au contraire traversée de fortes controverses qui divisent entre eux les spécialistes. Ensuite, les acteurs politiques ont interpellé leurs experts, en leur reprochant, tantôt de ne pas les avoir alertés en temps voulu, tantôt de les avoir conduits à prendre de mauvaises décisions, tantôt d'être incapables de répondre de façon claire à leurs interrogations. Enfin, la société civile, longtemps impressionnée par ces avis savants, est entrée dans le débat en mettant en question le monopole du conseil rationnel accordé aux divers spécialistes. Les mouvements sociaux ne cessent aujourd'hui d'interpeller les experts sur leurs compétences, sur l'ambiguïté de leurs relations aux politiques et sur leur possible soumission à des intérêts particuliers, économiques ou liés à des pouvoirs. Dans le même temps, cette période de mise en cause est aussi l'occasion de rechercher de nouveaux modèles en vue d'une expertise plus transparente et plus démocratique. L'objectif de ce dossier est de donner les éléments de réflexion pour approfondir ces questions.
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