Résumé :
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A chaque inspiration, une grande variété de molécules volatiles présentes dans l’environnement stimulent nos récepteurs olfactifs. Pourtant, malgré la complexité chimique du milieu naturel, les organismes arrivent à se représenter leur univers en détectant des informations pertinentes, pouvant se présenter sous forme d’odorants seuls ou de mélanges d’odorants. S’intéresser à la perception de ces stimuli revient alors à s’interroger sur le traitement des informations présentes en mélange, parfois elles-mêmes supportées par des mélanges ou sous-mélanges. Ce traitement repose majoritairement sur deux modes : le mode analytique, qui permet d’extraire d’un mélange la qualité odorante de tout ou partie des composés, ou le mode synthétique qui permet la représentation du mélange de manière holistique. Dans ce travail de thèse, nous avons évalué l’influence de certains paramètres impliqués dans la perception analytique et synthétique de mélanges d’odorants plus ou moins complexes. Nous avons adressé des questions communes à deux modèles, le lapin et l’Homme, afin d’optimiser la connaissance des processus engagés dans la perception des mélanges d’odeurs à des stades distincts de la vie : stade majoritairement néonatal chez le lapin et adulte chez l’Homme. Le manuscrit est organisé selon trois axes principaux. Le premier s’est intéressé à l’influence des caractéristiques physicochimiques des mélanges dans la perception analytique et synthétique. Par ailleurs, le nombre d’odorants contenus dans des mélanges pouvant dépasser les limites de perception analytique des organismes, nous avons évalué, dans le deuxième axe, si la perception basculait vers le mode synthétique à partir d’un certain seuil de complexité. Enfin, la perception pouvant dépendre de facteurs individuels, nous avons adressé la question de l’influence du développement dans la modulation de la perception des mélanges. Les résultats confirment que la perception de configurations est commune aux deux modèles testés bien que les modalités de leur émergence soient en partie distinctes. Nos observation supportent l’idée que dans les mélanges, des odorants ou associations d’odorants pourraient porter des poids perceptifs induisant le traitement analytique, ou synthétique, respectivement. Ces poids peuvent être influencés par certaines caractéristiques physicochimiques des mélanges, notamment leur complexité, mais peuvent aussi être en partie modifiées par l’expérience et par le développement. Au final, ces travaux apportent des résultats originaux permettant de comprendre comment les organismes, à différentes périodes de leurs histoires individuelles, arrivent à extraire de l’environnement hautement complexe des odorants ou mélanges d’odorants biologiquement pertinents.
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