Résumé :
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En offrant à chacun le recours à Internet, dont les ressources immenses donnent l'impression de tout pouvoir y trouver sans peine, la société contemporaine suggère une désintermédiation qui mettrait la sérendipité et l'immédiateté au coeur des processus d'acquisition des savoirs. Les bibliothèques sont alors questionnées, car leurs fonctions de réservoirs sont largement ébranlées, et les bibliothécaires s'interrogent sur leur légitimité de passeurs. Le présent ouvrage pose à l'inverse l'enjeu de la ré-intermédiation des connaissances, affirmant que la force des bibliothèques réside dans les capacités de médiation des bibliothécaires, au-delà même de la richesse des collections proposées, et justement parce que le flux des informations possibles est si immense qu'il en devient inconnaissable. Cette médiation des connaissances est un défi majeur de la société contemporaine, qui continue de construire son identité à travers des savoirs transmis, partagés, échangés. Dans cette opération, les bibliothécaires tiennent la place singulière d'agents publics délibérément mobilisés pour faciliter l'émergence d'un flux collectivement élaboré de débats, passions, connaissances. Incluant bien sûr moult livres, disques, fichiers, et autres supports d'information... Parier sur la bibliothèque actrice de la médiation des connaissances ne bouleverse pas l'organisation et la finalité de l'établissement : il faut toujours sélectionner, ordonner, accueillir, conserver. Mais ce pari impose d'aiguiser les exigences attendues des bibliothécaires, qui doivent être d'abord des connaisseurs des contenus, comme ils doivent être accompagnateurs de leurs publics. Il faut surtout inventer de nouvelles façons de mobiliser acquisitions et échanges de savoirs, passer de la transmission de documents reconnus à la médiation des connaissances. Pour y parvenir, il faut revisiter le conseil, l'accompagnement, les partenariats, la mise en scène, s'aventurer à produire des sites, billets, articles, bref devenir éditeurs de contenus auprès des publics, eux-mêmes passeurs de leurs propres savoirs.
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